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Art contemporain et déficience visuelle
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    • Avec le soutien de la DRAC de Midi-Pyrénées
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    Visite avec un groupe d'enfants non voyants (4-6 ans) 

     « Collective collection » volet III

    Exposition autour de la collection de Laurent Fiévet au BBB centre d'art – Toulouse
    du 14 janvier au 14 février 2015

    Le BBB centre d'art fête ses 20 ans ! Et pour parler art, amour et volupté, coup de cœur, coup de gueule, aventure, découverte et éblouissement, le centre d'art offre son espace d'exposition à une collection privée d'art contemporain, libre et singulière, à partager avec le plus large public, celle de Laurent Fiévet, artiste, collectionneur, à l'origine également d'une collection d'entreprise.
    Troisième et ultime volet accordé à la collection de Laurent Fiévet, qui clôt quatre mois de découvertes de la jeune création contemporaine française et internationale, des pièces ambitieuses et enthousiasmantes.

    En savoir plus sur l'exposition
    Lien vers le site : http://www.lebbb.org/fiche.php?id=474&p=collective_collection

    Médiation réalisée

    Visite avec un groupe de 5 enfants de 4 à 6 ans, de l'Institut des jeunes aveugles, accompagnés par leur enseignante spécialisée Anne Lorho et une éducatrice Sandrine Lacaule. Médiation par Lucie Delepierre, du LMAC.


    Le déroulé de la médiation :

    Un premier échange oral dans le hall d'entrée du centre :

    - D'abord la présentation du BBB centre d'art et de l'exposition, son titre (sans aborder la notion de la collection).

    Puis la notion d'oeuvre, d'exposition, pour des enfants de cet âge, il faut faire simple.

    Ensemble, il s'agit de partir à la découverte d'objets, qui sont des œuvres d'art.

    - Qu'est-ce qu'une œuvre ?
    Une œuvre est une création imaginée par un homme ou une femme que l'on appelle un artiste. Pour faire une œuvre, l'artiste peut utiliser différentes techniques et matériaux (peinture, dessin, sculpture, photographie, vidéo), ils créent grâce à une certaine sensibilité.
    À travers leurs œuvres, les artistes nous racontent des histoires, ils nous proposent en quelque sorte un voyage.
    Une œuvre d'art n'est pas forcément belle, elle peut aussi nous heurter, on peut ne pas l'aimer.

    - Qu'est-ce qu'une exposition ?
    Dans l'exposition, il y a des œuvres que nous allons pouvoir toucher, entendre, d'autres que nous allons vous raconter, ou encore que nous allons vous faire sentir ou ressentir.
    Il y a des œuvres grandes/petites, silencieuses/bruyantes, douces/rugueuses, chaudes/froides.

    Ensuite, entrer dans l'espace d'exposition, décrire :
    Dans l'espace où l'on se trouve, tous les murs sont blancs sauf un qui est de couleur violet. Une vingtaine d'œuvres sont disposées dans l'espace.

    >> Prenons un temps pour écouter.
    Certaines œuvres sont accrochées au mur, d'autres se trouve posées au sol. Il y a des photographies, des vidéos (image en mouvement), des œuvres sonores.
    >> Ensemble, nous vous proposons de partir à la découverte de 4 œuvres.

    1ème arrêt : « Les allumeuses », documentation Céline Duval (1998-2010)

    >> Appréhension de la forme de l'œuvre :
    - écouter
    - toucher


     - compter

    >> Appréhension du contenu :
    - Faire manipuler des papiers découpés, faire mimer le geste de l'artiste dans les vidéos.
    Protocole : l'artiste maintient quelques secondes la page immobile en plein cadre, puis la compacte en une boule de papier qu'elle jette alors dans le foyer d'une cheminée. Cependant, l'action est laissée au hors-champ, dont les indices sonores (froissement) et visuels (reflets des flammes) nous indiquent le déroulement. L'artiste se met en scène, si c'est bien sa main, car nous ne savons rien.
    Répétition dans la forme et dans le geste de l'œuvre.

    - Craquer une allumette, pour l'odeur du souffre, flamme.
    L'artiste ici brûle des papiers, des images qu'elle n'a plus envie de garder. Elle les jette dans le feu pour qu'elles disparaissent.
    Donc les images brûlent et disparaissent et en même temps elle filme chacune des images avant de la mettre au feu. Elle garde donc tout même un souvenir de ces images.

    Transition : poursuite de la thématique envisagée, la mémoire...

    2e arrêt : « A road to nowhere », Oliver Beer

    Faire toucher
    Qu'est-ce que vous ressentez ?

    Description de l'objet (sans dire ce que c'est)
    - la taille : c'est très grand et long >> pour que vous puissiez essayer de vous représenter la taille nous vous proposons de toucher le début et de marcher ensemble jusqu'au bout de l'œuvre.
    - la forme : c'est droit, est-ce que vous connaissez ce mot ? >> faire toucher une règle et à l'inverse introduire la notion de courbe/rond (avec un lacet / corde).
    - Faire deviner que ce sont des rails.
    Faire toucher une maquette de train et leur faire écouter le bruit du train.

    - A quoi servent les rails d'un train ? à faire avancer sans tomber
    Etes-vous déjà monté dans un train ? Pourquoi est–ce que l'on prend le train ? Que permet-il ? Où nous amènent-ils ?
    - Idée de se déplacer, voyager, rêver…
    Si l'on touche le début et la fin des rails, remarquez-vous quelque chose ? Que se passe-t-il ?
    - Essayer de leur faire percevoir que ces rails-là s'écartent.

    Ce sont des anciens rails récupérés par l'artiste. Ils sont rouillés. Cette rouille est une preuve de l'ancienneté de ces rails, qu'ils ont été utilisés et qu'ils portent en quelque sorte une mémoire. Ils nous évoquent la question du passage du temps.
    Ils sont les garants mémoriels d'une histoire passée, ou plutôt d'une multitude d'histoires passées relatives aux passagers qui ont emprunté cette ligne. Les rails métalliques font émerger des millions d'histoires, de trajets, des bonheurs et des malheurs qui se sont noués et dénoués dans les deux sens du trajet.

    Quelques détails supplémentaires, mais difficile à transmettre à de petits enfants aveugles : ça permet d'aborder la question de la perspective. Les rails sont posés au sol et non parallèles, suivant une perspective convaincante pour notre œil mais en réalité artificielle. En effet, plus les sections de rails s'éloignent du spectateur, plus elles se rapprochent les unes des autres. Sensation de fuite en avant : temps qui passe trop vite ? (expression : « rater un wagon » : manquer une occasion)
    Idée qu'Oliver Beer nous permet de braver l'interdit : aller sur des rails. Normalement cela est dangereux, ici le danger est écarté.
    Vers où ces rails nous mènent-elles ? Idée d'aller vers un ailleurs. Découverte/ exploration.

    Transition : les objets ont tous une histoire. On aime un objet parce qu'il nous fait penser à quelques chose de joyeux, ou à quelqu'un… Et puis, avec le temps, les objets s'abîment, parfois se cassent.
    Maintenant, nous allons allez découvrir une œuvre que nous allons pouvoir toucher. Et qui va nous faire voyager.


    3e arrêt : “Above the weather”, Jason Dodge

    >> Faire toucher délicatement la couverture. Essayez de deviner ce que c'est ?
    Est-ce froid et dur comme le métal des rails touché tout à l'heure ?
    Non cette fois, c'est doux et mou.

    A quoi cela vous fait-il penser ?
    Pour les aider : quand vous allez vous coucher le soir dans votre lit, on peut mettre une couverture sur vous pour que vous n'ayez pas froid.

    Mais ici il y a une différence, laquelle ?
    Essayer de leur faire comprendre que la couverture est pliée et ficelée.

    Il ne s'agit pas de n'importe quelle couverte comme celle que vous venez de toucher. Celle que l'artiste a réalisée est particulière.
    L'artiste a demandé à plusieurs personnes dans différents pays du monde (que l'on appelle des tisserands) de réaliser une couverture de la couleur de la nuit. Nous n'en avons qu'une seule ici mais en réalité l'artiste en a réalisé beaucoup d'autres.
    A quoi ressemble la nuit pour vous ?
    (pas nécessairement de l'ordre de la couleur, cela peut être associé au froid contrairement au jour où le soleil nous réchauffe). Cela peut être aussi associé aux sons (: leur faire écouter son d'une chouette qui hulule par exemple…)

    Et maintenant, imaginons ensemble que cette couverture est magique. Quand on la déplie quelque chose se passe. On peut se raconter plein d'histoires à partir de cette couverture.

    Si cette couverte magique vous appartenez, que feriez-vous avec ? où iriez-vous ?
    Par exemple, peut-être qu'elle appartient :
    * à un aventurier du grand froid ; elle devient source de chaleur quand on la déploie
    * à un magicien qui l'utilise comme cape d'invisibilité
    * à un génie qui s'en sert comme tapis volant
    Un objet devient garant d'une mémoire, d'un mythe à perpétuer.

    Détail supplémentaire : Margot Marks, tisserande en Estonie a tissé une étoffe avec un fil d'une longueur égale à la distance de la terre à la troposphère (entre 8 et 15 kms de distance avec la croûte terrestre, dépendamment de la latitude et la saison, couche atmosphérique où l'on se trouve en avion). Dodge lui a demandé de choisir un fil couleur nuit. Il a réitéré cette requête dans différents endroits du globe terrestre : les couvertures formées ne sont donc pas toutes de la même couleur car « la couleur de la nuit » n'est pas la même partout.

    Transition : et maintenant, je vous propose d'utiliser cette couverture comme un tapis volant, pour qu'il nous amène découvrir la dernière œuvre !

    4e arrêt : “Nummer Veertien, home”, Guido van der Werve

    >> Temps d'écoute du requiem sans parler de l'image qui est associé

    >> Ouverture vers leur univers :
    Est-ce qu'ils écoutent de la musique ?
    Est-ce qu'ils aiment la musique ? pourquoi ? que leur procure-t-elle ?

    CONCLUSION
    Et voilà notre voyage est terminé !

    MATERIAUX/OUTILS NECESSAIRES
    bracelet
    corde/ règle
    train jouet + rails
    son train (enceintes + mp3)
    allumettes
    livre des textures/matières