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Art contemporain et déficience visuelle
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    Ce qu'il faut savoir sur la déficience visuelle  

    Voici quelques grandes lignes, quelques informations utiles, une première approche de la problématique de la déficience visuelle.

    Voyants et non-voyants : deux univers distincts, deux approches du monde

    Ce qui parait simple à un voyant peut devenir difficile, voire compliqué dès lors qu'il y a privation de la vue : qui parle à qui ? qui vient d'arriver ou de partir sans prévenir ? quels sont ces implicites auxquels la personne déficiente visuelle n'a pas accès (le langage des gestes que personne ne pense à transformer en mots) ? comment circuler facilement dans l'espace d'exposition ? comment s'organisent les liens spatiaux d'une œuvre à l'autre, d'une pièce à l'autre ? comment les perceptions se mêlent et viennent brouiller la rencontre avec les œuvres (la conversation des voisins, l'odeur du lieu, l'impression d'étouffement liée à l'entrée dans un espace confiné, etc) ?
    La communication peut devenir malaisée, surtout dans une conversation multiple avec des inconnus, les déplacements demandent de la concentration et sont fatigants, la représentation spatiale est délicate, tout cela devra faire l'objet d'une attention particulière de la part du médiateur.

    Malvoyance et cécité : un handicap aux mille visages

    La malvoyance revêt des formes très différentes et renvoie à une grande variété de pathologies, de modes de compensation. Disons qu'un malvoyant n'est pas forcément quelqu'un qui voit flou... 

    Plus d'infos : expérimenter la malvoyance et La déficience visuelle (pdf)

    La cécité est, elle aussi, complexe car chacun la compense différemment. Personne n'a construit de la même façon ses représentations mentales, n'utilise de la même façon les deux modalités sensorielles privilégiées que sont l'ouïe et le toucher, ne les croise de la même manière avec les informations données par l'odorat ou la proprioception.

    Utiliser les mots avec modération

    Les personnes déficientes visuelles, et surtout les non-voyants, utilisent de façon très privilégiée le support verbal. Il est parfois vidé de tout sens concret, parce que comprendre les liens entre deux mots est parfois plus aisé que de comprendre les liens entre deux objets touchés. Un enfant aveugle peut savoir parfaitement qu'une rose et une marguerite sont des fleurs, mais ne pas réussir à les identifier lorsqu'il les touche. Une médiation ne reposant que sur du verbal sera donc très parcellaire. Ceci dit, toutes les médiations (qu'elles soient tactiles, sonores ou autres) doivent s'accompagner d'une verbalisation afin de faciliter la compréhension de la notion abordée.

    Quant au champ lexical de la vision, il est si bien passé dans le langage courant qu'un aveugle ne s'offusquera pas d'entendre un "regarde" ou un "viens voir" lorsqu'on veut lui montrer quelque chose. Il est donc inutile de s'interdire ce type d'expressions.

    Donner à toucher ne résout pas tout

    Même s'ils sont de petite ou moyenne taille, la découverte tactile des objets sera délicate, complexe et demandera un temps de recomposition par la pensée. A fortiori pour des objets de grande taille, voire gigantesques. Le toucher ne permet pas une approche globale, mais s'inscrit dans la successivité et le morcellement : les informations sont reçues de façon successive (un geste par propriété) au fur et à mesure du déplacement des mains. La pensée doit tout recomposer en s'appuyant sur des opérations mentales complexes (type hypothèses/déduction, coordination des propriétés, etc).

    Plus d'info: rubrique "découvrir des objets en aveugles" et "La représentation mentale des objets et le développement cognitif de l'enfant aveugle" (pdf)

    Lorsque la pensée est ainsi occupée, qu'en est-il du plaisir ? L'immédiateté du son entendu est précieuse, l'émotion créée par la perception d'une odeur non négligeable.

    Le support audio : prudence et circonspection

    Avant tout, il faut garder à l'esprit que ce n'est pas parce qu'il y a pour telle ou telle œuvre une réalisation audio que c'est accessible au public déficient visuel. De nombreux audio-guides ne sont pas conçus pour les déficients visuels et ne sont pas adaptés à ce public. La façon de présenter l'œuvre devra tenir compte des contraintes liées à la déficience visuelle (insistance sur la notion d'échelle, traitement spécifique du particulier par rapport au général, ordre de présentation, choix des termes, phrases courtes, etc).

    Plus d'info : la description sonore

    Des approches multi-sensorielles singulières

    Et bien sûr, personne ne touche de la même façon, ne reçoit à l'identique le son ou l'odeur. Les univers se croisent et prennent tous un chemin différent pour s'actualiser. À chaque individu son mode d'accès au monde, à chacun sa préférence sensorielle.